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Focus sur le burnout

Article de Frédérique Duquaire, psychologue du travail à Lyon
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Qu’est-ce qu’un burnout?

 La définition du syndrome d’épuisement professionnel (burnout)

“Le burnout se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel” (Définition de Schaufeli et Greenglass, 2001). On peut le considérer comme l’état final d’un processus d’accumulation chronique d’événements stressants, donnant l’impression d’être piégé(e), sans moyen d’action sur ces événements stressants.
La traduction du terme anglais “burn out” est: « se consumer jusqu’au bout ».
L’appellation “syndrome d’épuisement professionnel” a été officialisée comme l’équivalent en français du terme burn out.

Différence entre l’épuisement professionnel et la dépression

Même si des caractéristiques communes existent quand à leurs symptômes, le burn-out se différencie de la dépression au sens où il s’exprime en premier lieu dans la sphère professionnelle. Ce qui n’est pas le cas pour une dépression qui s’étend à tous les aspects de la vie et nécessite un traitement plus global. Le diagnostic de dépression décrit un “état” de l’individu alors que le burn-out permet de décrire un “processus” de dégradation du rapport subjectif au travail.

Le diagnostic de dépression décrit un “état” de l’individu alors que le burnout permet de décrire un “processus” de dégradation du rapport subjectif au travail.

Les symptômes du burnout

Le burnout peut se traduire cumulativement de 5 manières sur l’individu.

Manifestations émotionnelles

Sentiment de perte de contrôle, peur, tension nerveuse, humeur triste, manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité ou au contraire absence d’émotions…

Manifestations physiques

Troubles du sommeil, fatigue chronique, sommeil non réparateur, tensions musculaires (dos, nuque…), prise ou perte de poids soudaine, maux de têtes nausées, vertiges…

Manifestations cognitives

Diminution de la concentration, difficultés à réaliser plusieurs tâches à la fois, à nuancer et à prendre des décisions, erreurs, fautes, oublis…

Manifestation comportementales ou interpersonnelles

Repli sur soi, isolement, agressivité, baisse de l’empathie, parfois comportements addictifs…

Manifestations émotionnelles

Sentiment de perte de contrôle, peur, tension nerveuse, humeur triste, manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité ou au contraire absence d’émotions…

Vous vous sentez en risque ou en situation de burnout ?

Existe-t-il un test pour évaluer le burnout ?

Mis au point par Maslash et Jackson en 1981, le Maslash Burnout Inventory (MBI) est le questionnaire le plus communément utilisé aujourd’hui. Il s’appuie sur un modèle qui fait consensus au sein de la communauté scientifique, lequel évalue 3 dimensions : épuisement émotionnel, désinvestissement, et diminution de l’efficacité

Parmi d’autres tests, nous pouvons également citer le Copenhagen Burnout Inventory (CBI), qui considère que l’usure et l’épuisement sont les dimensions centrales du burnout, nommé « épuisement personnel ». S’y ajoutent 2 autres composantes, l' »épuisement professionnel » (lié au travail) et l' »épuisement relationnel » (lié au travail en relation avec les autres, par exp les métiers d’aide).

 

Vous sentez un risque d'épuisement personnel, professionnel ou relationnel ?

Identifiez votre risque de Burn Out en faisant le test CBI en ligne. Un point téléphonique peut ensuite être programmé (gratuit).

Les différentes phases du burnout

Vous vous demandez quels sont les signaux d’alerte du burnout? En voici quelques uns qui peuvent vous aider à les repérer, que vous vous interrogiez sur vous-mêmes ou l’un de vos proche ou salariés.

Phase 1 : 1ers signaux

Vous avez plus de mal à être attentif, à vous concentrer durablement, la mémoire vous fait parfois défaut et il vous arrive de ne plus trouver vos mots. Vous vous sentez moins efficace et commencez à augmenter vos efforts pour tenter de retrouver votre efficience habituelle (rester plus longtemps au travail, travailler plus vite…). Vous êtes plus rapidement fatigué que d’habitude, mais vous résistez à admettre que vous en faites trop car à ce stade, vous êtes généralement dans le déni de ce qui se passe.

Phase 2 : signaux visibles

Votre sommeil est perturbé, vos jours de repos ne suffisent plus et vous êtes toujours fatigué(e). Vous êtes irritable et perdez vite patience. Vous continuez à multiplier vos efforts au travail tout en étant moins satisfait de ce que vous y faites (perte du plaisir). Vous connaissez divers maux chroniques: infections virales à répétition, maux de tête, douleurs musculaires, dysfonctionnements gastro-intestinaux… Vous perdez l’appétit ou vous vous retrouvez au contraire à grignoter sans cesse. Des comportements addictifs peuvent apparaître ou augmenter, pour tenir.

Phase 3 : alarme

Au travail, vous vous sentez démotivé(e), impuissant(e), inutile. Vous avez le sentiment de ne plus maîtriser les choses, d’être “usé”. Vous faites fréquemment des erreurs, n’êtes plus aussi rigoureux qu’avant. Vous vous investissez moins avec les autres (clients, patients, élèves….) et devenez même cynique (“tous les mêmes, il n’y a rien à en tirer…”). Vous ne supportez plus les changements d’organisation auxquels vous devez faire face, avec un sentiment de répétition “sans fin”. Vous vous repliez sur vous-même, ne déjeunez plus avec vos collègues, cessez vos activités extra professionnelles. Il vous arrive de fondre en larmes pour un oui ou pour un non, ou au contraire, d’avoir l’impression de ne plus rien ressentir. Parfois, vous vous retrouvez à espérer n’importe quoi (accident de voiture…) pourvu que “tout s’arrête”.

Phase 4 : l’effondrement

Certains font un malaise au travail, d’autres vivent “l’événement de trop” et s’écroulent émotionnellement (pleurs…), d’autres encore se retrouvent en situation de blocage et n’arrivent tout simplement plus à travailler, comme si le cerveau s’était mis sur “off”. Dans certains cas, c’est le corps qui s’impose: pathologie avérée (hypertension, ulcère…) ou incapacité à sortir de son lit. Dans tous les cas, vous ne pouvez plus continuer.

Quel traitement pour le burnout ?

Quand faut-il agir face aux symptômes du burnout ?

Tout d’abord, sachez que plus vous traiterez les choses rapidement, et plus vous vous remettrez rapidement. Si vous avez peur de vous retrouver en arrêt de travail, pensez que la durée de votre arrêt sera proportionnelle à la durée durant laquelle vous avez été exposé(e) aux facteurs ayant mené au burnout. Laisser une situation se dégrader progressivement vous expose donc à un arrêt de plus en plus prolongé, et à des manifestations de plus en plus graves pour votre santé physique et mentale. Il est donc fondamental d’agir au plus vite.

Je pense être en risque de burnout : que faire ?

Vous vous reconnaissez dans les 1ères phases du burnout ? Il y différentes choses que vous pouvez faire, vous-même, ou accompagné d’un professionnel adapté :

  • Faites un état des lieux de tout ce que vous faites au travail : y a t-il des tâches que vous effectuez et qui ne devraient pas vous incomber ? Des tâches supplémentaires que vous regrettez d’avoir accepté ? Des changements ou contraintes ayant entraîné une complexification de vos tâches ? La charge a t-elle augmenté et pourquoi ?
  • Faites part de vos difficultés: collègues, hiérarchie, représentants du personnel, syndicats… Peut-être est-il possible d’agir sur la surcharge ou sur les difficultés/dysfonctionnements auxquels vous devez faire face.
  • Consultez un médecin: généraliste ou médecin du travail, ces professionnels sont là pour vous aider à prévenir tout risque lié à votre santé, et en ce qui concerne le médecin du travail, à agir sur les risques liés à votre poste de travail

Vous l’aurez compris, face à un risque de burnout, agir seul est difficile. Tournez-vous en priorité vers les ressources de votre environnement professionnel ou personnel. Si cela ne suffit pas à enrayer le processus, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un intervenant extérieur: psychologue, psychiatre, et/ou associations, de préférence spécialisés sur les questions de souffrance au travail.

Combien de temps pour se remettre d’un burnout ?

L’arrêt de travail suite à un burnout est d’autant plus long que vous êtes resté(e) longtemps exposé(e) à une situation de stress chronique. Si vous tirez sur la corde depuis des années, vous aurez besoin d’un temps d’arrêt bien plus conséquent que si vos difficultés durent depuis quelques mois. En moyenne, un arrêt suite à une situation de burnout dure entre 3 et 9 mois, mais elle peut donc être beaucoup plus longue en fonction de l’atteinte de votre état de santé

Je suis en burnout : que faire ?

Consultez votre médecin ! Il vous aidera à poser un diagnostic sur ce qui vous arrive. Si nécessaire, un arrêt maladie vous sera prescrit. Dans tous les cas, ne mettez pas votre santé en danger. La mise à distance avec l’activité professionnelle est nécessaire pour:
1- récupérer
2- prendre du recul sur la situation et voir quels changements peuvent être opérés afin de préserver votre santé

Faites-vous aider! Le repos est nécessaire mais ne suffit pas pour se sortir d’un burn out. Reprendre le travail dans les mêmes conditions vous mènerait à une rechute d’autant plus rude. Faites vous accompagner. Différents professionnels peuvent vous y aider: votre médecin du travail, un psychologue/psychiatre spécialisé sur les questions de souffrance au travail…

Ce que vous devez savoir

Différences entre médecin traitant/médecin du travail/médecin conseil

Le médecin traitant: est le prescripteur de vos soins, des arrêts de travail et de certificats médicaux permettant notamment la demande de reconnaissance en maladie professionnelle.
Le médecin du travail: a un rôle préventif: éviter l’altération de l’état de santé du fait du travail. Il statue sur l’aptitude ou l’inaptitude au poste. Vous pouvez le rencontrer lors de visites périodiques, visites de reprises (après un arrêt) ou à votre demande dans le cadre d’une visite dite “de pré-reprise”. Il anime et coordonne l’ensemble des actions en milieu de travail.
Le médecin conseil: durant votre arrêt de travail, vous pouvez recevoir une convocation du médecin conseil Son rôle est de conseiller l’organisme d’assurance maladie (CPAM/MSA) et donner un avis, notamment sur la durée de l’arrêt de travail et donc de son indemnisation par l’organisme concerné;

Vous pouvez rencontrer le médecin du travail à votre demande dans le cadre d’une visite dite « de pré reprise »

Burnout et reconnaissance ou non en maladie professionnelle/Accident du travail

Burnout et maladie professionnelle

Le burnout ou syndrome d’épuisement professionnel n’apparaît pas dans le tableau des maladies professionnelles à ce jour. Concrètement, cela signifie qu’ils ne bénéficient pas à l’heure actuelle, d’une présomption d’imputabilité au travail.
Ceci n’empêche pas la reconnaissance en maladie professionnelle, si:

  • la pathologie est reconnue comme directement et essentiellement causée par le travail
  • et qu’elle a entraîné une incapacité permanente partielle (IPP) supérieure ou égale à 25%

La demande de MP se fait par l’intermédiaire du médecin traitant ou du médecin du travail.
C’est le Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP) qui prononce un avis sur la maladie professionnelle.

Burnout et accident du travail

Le burnout ou syndrome d’épuisement professionnel peut être déclaré par le médecin comme accident du travail. Celle-ci doit être faite dans les 48h. L’employeur a ensuite 48h pour la transmettre à l’organisme référent (CPAM ou MSA).

D’après le Code de la Sécurité Sociale (article L411-1), est considéré comme un accident de travail, un accident qui survient par le fait du travail, pendant l’exercice du travail, sur le lieu de travail à toute personne, salariée ou non, qui travaille, en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs.
Les tribunaux reconnaissent la qualification d’accident du travail lorsqu’un événement soudain imputable au travail déclenche un processus psychologique maladif (Source : Cass. 2e civ., 1er juill. 2003, n° 02-30.576)

Quelles possibilités de départ de l’entreprise suite à un burnout?

Inaptitude au poste: le médecin du travail peut rendre un avis d’inaptitude au poste ou à tous les postes de l’entreprise. Cet avis peut donner lieu à un licenciement pour inaptitude.

Rupture conventionnelle: vous pouvez faire une proposition de rupture conventionnelle à votre employeur. Celle-ci permet à l’employeur et au salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) de convenir d’un commun accord des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie. Elle est possible sous conditions et indemnisation. Une procédure légale fixe les démarches à respecter (rédaction d’une convention de rupture et validation par la Direccte).

Burnout et obligation de l’employeur

L’employeur est responsable devant la loi de la santé physique et mentale et de la sécurité de ses salariés. Il s’agit d’une obligation de résultat, sa responsabilité peut donc être engagée. Pour cela, il doit prendre des mesures de prévention, d’évaluation des risques, d’adaptation des conditions de travail, de formation.

Mes sources :
Guide d’aide à la prévention publié par l’INRS, l’ANACT et la DGT : « Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout : mieux comprendre pour mieux agir », 2015
https://asso-franceburnout.fr/accident-du-travail/
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F19030 

https://www.souffrance-et-travail.com//media/formation/ppt/SET-Burn_Out.pptx

Burnout et stress post traumatique, A.H. Boudoukha, 2009

Vous vous sentez en risque ou êtes en situation de burnout ?

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